Récollection pour les religieuses à Saintes

Dimanche 25 février

 

Retour sur l’évangile du jour :

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

En ce temps-là,
Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean,
et les emmena, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne.
Et il fut transfiguré devant eux.
Ses vêtements devinrent resplendissants,
d’une blancheur telle
que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille.
Élie leur apparut avec Moïse,
et tous deux s’entretenaient avec Jésus.
Pierre alors prend la parole
et dit à Jésus :
« Rabbi, il est bon que nous soyons ici !
Dressons donc trois tentes :
une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »
De fait, Pierre ne savait que dire,
tant leur frayeur était grande.
Survint une nuée qui les couvrit de son ombre,
et de la nuée une voix se fit entendre :
« Celui-ci
est mon Fils bien-aimé :
écoutez-le ! »
Soudain, regardant tout autour,
ils ne virent plus que Jésus seul avec eux.

Ils descendirent de la montagne,
et Jésus leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu,
avant que le Fils de l’homme
soit ressuscité d’entre les morts.
Et ils restèrent fermement attachés à cette parole,
tout en se demandant entre eux ce que voulait dire :
« ressusciter d’entre les morts ».

 


 

 

Ses vêtements devinrent resplendissants,
d’une blancheur telle
que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille.

Je ne peux m’empêcher de penser au sketch de Coluche sur la lessive lavant « plus blanc que blanc » mais ce n’est sans doute pas une référence appropriée pour entre en récollection.

Le père Loriaud m’a plutôt conseillé de faire un lien avec l’Apocalypse ou Révélation de Jésus Christ faite à Jean sur l’île de Patmos.

On a ici 2 éléments importants : le vêtement et la blancheur.

Dans la Bible, le vêtement désigne la personne, le caractérise. Autrement dit dans la Bible, « l’habit fait le moine ».

Quant au « blanc » : il symbolise à la fois la victoire et la pureté.

 

Ap3 [3] Souviens-toi donc de ce que tu as reçu et entendu. Garde-le et repens-toi ! Si tu ne veilles pas, je viendrai comme un voleur, sans que tu saches à quelle heure je viendrai te surprendre.

[4] Cependant, à Sardes, tu as quelques personnes qui n'ont pas souillé leurs vêtements. Elles m'accompagneront, vêtues de blanc, car elles en sont dignes.

[5] Ainsi le vainqueur portera-t-il des vêtements blancs ; je n'effacerai pas son nom du livre de vie, et j'en répondrai devant mon Père et devant ses anges.

Ne pas avoir souillé son vêtement, c’est ici avoir su conserver le dépôt de la foi « ce que tu as reçu et entendu », avoir su conserver une foi pure. La pureté essentielle est celle de la foi, la foi de son baptême.

Le vêtement blanc que l’on revet au baptême n’est pas tant symbolique de la rémission des péchés individuels que significatif de la pureté, de la sainteté de l’Eglise : on est dans l’ordre de la pureté de la foi. D’ailleurs, si tel n’était pas le cas, qui oserait porter une aube blanche (fusse sous une chasuble) ; et quelle fiancée oserait se marier en blanc ?

C’est une question que j’aborde quasi systématiquement avec les fiancés. En effet, les femmes ayant des enfants s’empressent généralement de me dire qu’elles ne seront pas en blanc mais couleur crème etc. ; la plupart des personnes assimilent la blanc à la pureté individuelle et la sexualité à une impureté ! quel dommage !

Je crois savoir que dans certaines communautés, la novice s’habille ou s’habillait comme pour des noces avant que de faire ses vœux et d’ « épouser » le Christ. La symbolique est aujourd’hui souvent limité au port d’un anneau « marital ». Est-ce une dévaluation de la spiritualité sponsale ? ou le désir d’éviter de se poser la question du blanc associé encore pour bcp à la virginité ?

 

 

A contrario et sans vêtement blanc ni anneau, on peut se demander si le vocable o.v.c. ne risque pas aussi de focaliser trop l’attention sur la sexualité au lieu de la pureté ou virginité de la foi baptismale.

 

Ses vêtements devinrent resplendissants,
d’une blancheur telle
que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille.

L’impossibilité terrestre d’une telle blancheur nous entraine de fait dans la sphère céleste. On est dans le domaine de la foi.

Remarquer que si Jésus est dit transfiguré… il n’est pas dit qu’il devient en soi resplendissant, cela n’est dit que de ses vêtements. Jésus n’est pas nu. Même en Jésus, la pureté de la foi n’est pas affaire intime, individuelle, personnelle.

Jn 1,18 Nul n'a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est tourné vers le sein du Père, lui, l'a fait connaître.

Connaître et non voir. Dieu en sa divinité reste invisible. Jésus est consubstantiel au Père mais seule son humanité est directement visible et dans son humanité elle-même Jésus ne voit plus son Père en son essence divine : il peut revêtir sa gloire mais pas la saisir.

 

Ce qui est vrai de Jésus l’est encore plus pour nous.

On ne peut, on ne doit pas, s’inventer sa petite foi à soi : la foi est toujours ecclesiale ; se passer de cette extériorité du vêtement, vouloir la foi pure, à nue, c’est prétendre à la divinité elle-même en sa transcendance, c’est se prendre pour Dieu et faire donc la bête.

 

Ap 17,16 ils vont prendre en haine la Prostituée, ils la dépouilleront de ses vêtements, toute nue, ils en mangeront la chair, ils la consumeront par le feu ; 

Ap 16,15 heureux celui qui veille et garde ses vêtements pour ne pas aller nu et laisser voir sa honte.

 

 

·         Et moi, est-ce que je porte le vêtement blanc de la foi ?

Suis-je prompt à critiquer l’Eglise, à remettre en cause les dogmes, à vivre de ma relation privilégier avec mon Dieu à moi ?

 

  « Celui-ci
est mon Fils bien-aimé :
écoutez-le ! »

Le Christ et l'Eglise c'est tout un »: Jeanne d’Arc

 

Nous devons écouter l’Eglise. Nous la savons sainte, Corps du Christ et temple de l’Esprit.

Mais nous ne devons pas oublier que si Jésus est la tête du Corps nous sommes chacun d’entre nous ses membres. Nous sommes l’Eglise.

Nous devons donc à la fois écouter l’Eglise ou le Christ & faire entendre le Christ et l’Eglise.

Nous devons monter sur la montagne au risque de ne pas tout comprendre.

Pierre ne savait que dire,

Et redescendre de la montagne pour essayer de comprendre et d’exprimer ce que nous croyons ;

Et ils restèrent fermement attachés à cette parole,
tout en se demandant entre eux ce que voulait dire :
« ressusciter d’entre les morts ».

C’est comme le petit livre dont parle l’Apocalypse.

Ap 10,9 Je m'en fus alors prier l'Ange de me donner le petit livre ; et lui me dit : "tiens, mange-le ; il te remplira les entrailles d'amertume, mais en ta bouche il aura la douceur du miel."

On souffre souvent de ne pas aimer comme il conviendrait, de ne pas pouvoir exprimer sa foi, la foi de l’Eglise dans toute sa pureté ;

Mais on fait l’expérience que le peu qu’on en vit, que le peu qu’on en partage imparfaitement nous remplit cependant d’allégresse.

On n’est pas toujours très motivé pour aller à telle ou telle rencontre, mais généralement on en revient reboosté si on a eu l’occasion de partager sa foi.

 

·         Est-ce que je fais l’effort de monter sur la montagne pour écouter Dieu ?

Prière, lecture…

 

·         Est-ce que je redescends parfois de la montagne pour parler de Dieu ?

Annonce explicite ou non, rencontre de non-croyants, partage entre croyants


 

Lundi 26 février 2018

Office des lectures

CATÉCHÈSE BAPTISMALE DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME

Le nouveau Moïse.

Le peuple juif a vu des miracles. Toi aussi, tu en verras de plus grands et de beaucoup plus éclatants que lorsque les Juifs sont sortis d'Égypte. Tu n'as pas vu Pharaon noyé avec ses troupes, mais tu as vu le diable englouti avec ses armes. Le peuple juif a traversé la mer, toi, tu as traversé la mort. Ils ont été délivrés des Égyptiens, toi, tu as été affranchi des démons. Ils ont quitté un esclavage barbare, toi, l'esclavage beaucoup plus pénible du péché.

Veux-tu savoir par d'autres raisons comment c'est bien toi qui as été favorisé de plus grands bienfaits ? Les Juifs n'ont pas pu alors regarder le visage de Moïse resplendissant de gloire, lui qui pourtant n'était que leur compagnon de service et leur semblable. Mais toi, tu as vu le Christ dans sa gloire. Et Paul s'écrie : Nous, à visage découvert, nous reflétons, comme dans un miroir, la gloire du Seigneur. Ils avaient alors le Christ qui les suivait ; mais à bien plus forte raison est-ce nous qu'il suit maintenant. Alors, en effet, le Seigneur les accompagnait par la grâce de Moïse ; et vous, ce n'est pas seulement par la grâce du nouveau Moïse mais par votre obéissance. Pour le peuple juif, après l'Égypte, ce fut le désert ; pour toi, après l'exode, c'est le ciel. Ils avaient, eux, un guide et un chef excellent en la personne de Moïse ; nous avons, nous, un autre Moïse, Dieu lui-même, qui nous guide et nous commande.

Quelle était, en effet, la caractéristique de ce Moïse ? Moïse, dit l'Écriture, était le plus doux de tous les hommes qui sont sur la terre. On peut sans erreur en dire autant de notre Moïse. En effet, il est assisté de l'Esprit très doux, qui lui est intimement consubstantiel. Alors Moïse a levé les mains vers le ciel et en a fait descendre le pain des anges, la manne ; notre Moïse lève les mains vers le ciel et nous apporte la nourriture éternelle. Celui-là frappa la pierre et fit couler des fleuves d'eau ; celui-ci touche la table, frappe la table spirituelle et fait jaillir les sources de l'Esprit. C'est pourquoi, comme une source, la table de l'autel est placée au milieu de l'église afin que, de toutes parts, les troupeaux des fidèles affluent à la source pour s'abreuver à ses flots qui nous sauvent.

Puisque nous avons là une telle source, une telle vie, que la table regorge de mille bienfaits et que, de toutes parts, elle nous comble de dons spirituels, approchons avec un cœur sincère et une conscience pure pour obtenir grâce et miséricorde et recevoir du secours en temps voulu.

Par la grâce et la miséricorde du Fils unique de Dieu, notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ, par qui et avec qui soient au Père et à l'Esprit qui donne la vie, gloire, honneur, puissance, maintenant et toujours, et pour les siècles des siècles. Amen.


 

Je ne suis pas allé voir la version grecque de ce texte ; je me contenterai donc d’un commentaire à partir de la version française à ma disposition tout en sachant que l’originale contredirait peut-être mon discours…

 

Le peuple juif a vu des miracles. Toi aussi, tu en verras de plus grands et de beaucoup plus éclatants que lorsque les Juifs sont sortis d'Égypte. Tu n'as pas vu Pharaon noyé avec ses troupes, mais tu as vu le diable englouti avec ses armes. Le peuple juif a traversé la mer, toi, tu as traversé la mort. Ils ont été délivrés des Égyptiens, toi, tu as été affranchi des démons. Ils ont quitté un esclavage barbare, toi, l'esclavage beaucoup plus pénible du péché.

J’ai ici été frappé par les différences des temps :

·         tu en verras de plus grands  (des miracles) = futur

·         tu as vu ; tu as traversé la mort ; tu as été affranchi… = passé (composé)

St Jean Chrysostome parle des miracles, des grands miracles au futur alors qu’il parle de la défaite du diable, de notre traversée de la mort, de notre libération des démons et du péché au passé ; comme ce n’étaient pas là de grands miracles !

On retrouve ici la tension existante entre le déjà-là et le pas-encore.

Ep 2,6 avec lui, il nous a ressuscités et fait asseoir dans les cieux, en Jésus Christ.

Col 2,12 Ensevelis avec lui dans le baptême, avec lui encore vous avez été ressuscités puisque vous avez cru en la force de Dieu qui l'a ressuscité des morts.

Et pourtant il nous faut en passer par la mort et avant cela continuer à vivre.

Nous sommes déjà sauvés, nous avons été pardonnés en JC sur la croix et cependant il nous faut toujours et encore demander ce pardon dans l’espérance du salut.

Ro 8,24 Car nous avons été sauvés, mais c'est en espérance. Or, voir ce qu'on espère n'est plus espérer : ce que l'on voit, comment l'espérer encore ?

Mais pas de contresens, dire que c’est en espérance ne veut pas dire que cela soit virtuel ou hypothétique : la mort de Jésus sur la croix n’avait rien de virtuelle : nous avons bien été sauvés.

Cependant, la manifestation de ce salut pour chacun d’entre nous reste « en espérance » afin que nous puissions encore l’espérer, vivre en tension de salut plutôt que dans une attente léthargique. Certains ressuscités dans nos assemblées vivent comme s’ils étaient des morts.

Au cœur même de la liturgie eucharistique, alors même que le prêtre vient de consacrer le pain et le vin qui sont ainsi devenu véritablement le Corps et le Sang du Christ, alors même donc que Jésus est présent parmi nous sous un mode visible et matériel, le peuple fait anamnèse de sa venue à venir.

3. Proclamons le mystère de la foi:

 

R/Gloire à toi qui étais mort,

gloire à toi qui es vivant,

notre Sauveur et notre Dieu:

Viens, Seigneur Jésus!

 

On retrouve ici la belle finale de l’Apocalypse :

                Ap 22,20 Oui, je viens bientôt. Amen, viens Seigneur Jésus !

 

Et moi :

·         est-ce que je sais faire mémoire des miracles déjà vécus ?

-          relecture de sa vie, des rencontres, des appels, des chutes et relèvements…

 

·         est-ce que je vie tendu vers plus grands encore ?

o   est-ce que je me contente des jolies choses du temps passé ou est-ce que je vois Dieu à l’œuvre au quotidien ?

o   est-ce que je l’attends ?

 

Ces questions se vivent de manière toute particulière dans la vie religieuse. Le célibat consacré, l’obéissance choisie, le dépouillement voulu, n’ont de sens que dans cette tension entre le déjà-là et le pas-encore.

-          Comme prêtre diocésain, je n’ai pas fait de vœux. J’ai certes fait promesses de célibat et d’obéissance et ce en acceptant une vie matérielle digne mais simple, cependant, même si en pratique cela ressemble peut-être beaucoup aux vœux religieux, ce n’en sont pas. Si j’ai choisi de vivre ainsi les conseils évangéliques c’est évidemment par amour de Dieu, mais par amour de Dieu exprimé dans l’amour concret de son Église. Certains confrères le manifestent par un anneau sponsal ; c’est ce que font d’ailleurs les évêques : ils n’épousent ni Dieu ni le Christ, mais l’Église de Dieu.

Ainsi, si demain l’Église autorise le mariage des prêtres, je ne m’interdis pas d’avance d’y réfléchir ; de même si demain l’Église m’appelle à être évêque (ce que je ne souhaite pas), je ne vivrais plus l’obéissance à un évêque _ en tout cas pas de la même façon etc. car pour moi, cela n’a pas de valeur en soi mais simplement comme moyen au service de l’Église de Dieu.

-          Un ou une religieuse ne dirait sans doute, enfin je l’espère, pas cela. C’est d’ailleurs la distinction que je poserais sans doute entre une religieuse et une Vierge Consacrée.

La vie religieuse est anticipation de la vie céleste, anticipation de notre béatitude de ressuscité auprès de Dieu.

Mt 22,30 A la résurrection, en effet, on ne prend ni femme ni mari ; mais on est comme des anges dans le ciel.

Ainsi le célibat religieux, que ce soit pour un homme ou pour une femme, prend la forme sponsale de notre union à venir avec Dieu. Dans sa divinité, il est l’époux tandis que dans notre humanité nous sommes l’épousée.

Mt 9,15 Jésus leur dit : " Les invités à la noce peuvent-ils être en deuil tant que l'époux est avec eux ? Mais des jours viendront où l'époux leur aura été enlevé : c'est alors qu'ils jeûneront.

2Co11,12 Je vous ai fiancés à un époux unique, pour vous présenter au Christ, comme une vierge pure,

 

Mais là encore, il ne faudrait pas oublier la dimension ecclesiale de cette relation personnelle avec Dieu. Si chacun/ chacune est le/la bien-aimé.e, c’est cependant ensemble que nous sommes appellés à le vivre.

Ap 21,2 Et la cité sainte, la Jérusalem nouvelle, je la vis qui descendait du ciel, d'auprès de Dieu, comme une épouse qui s'est parée pour son époux.

Même Marie n’est que « Tour de David ».

 

Ap 22 Je suis le rejeton et la lignée de David, l'étoile brillante du matin. [17] L'Esprit et l'épouse disent : Viens ! Que celui qui entend dise : Viens ! Que celui qui a soif vienne, Que celui qui le veut reçoive de l'eau vive, gratuitement.

Dans le Credo nous disons, ou redirons bientôt, que le Fils est consubstantiel au Père. Et st Jean Chrysostome affirme que l’Esprit est lui-même consubstantiel au Fils.

« il est assisté de l'Esprit très doux, qui lui est intimement consubstantiel »

Au ciel, nous ne serons pas simplement en présence du Christ Jésus ressuscité, nous serons mis en présence de la divinité elle-même, de la Trinité en sa substance divine.

Ap 5,13 A celui qui siège sur le trône et à l'agneau, louange, honneur, gloire et pouvoir pour les siècles des siècles.

 = le Père & l’Esprit & le Fils.

 

Et moi :

·         est-ce que je vis mes épousailles de manière ecclésiale ?

·         suis-je épouse de la Trinité ? plutôt épouse du Christ, de l’Esprit, du Père ?


 

 

Elisabeth de la Trinité, 21/12/1904

O MON DIEU, TRINITÉ QUE J'ADORE,
Aidez-moi à m'oublier entièrement 
pour m'établir en vous, immobile et paisible comme si déjà mon âme était dans l'éternité. 
Que rien ne puisse troubler ma paix,
ni me faire sortir de vous, ô mon immuable, 
mais que chaque minute m'emporte plus loin dans la profondeur de votre mystère. 
Pacifiez mon âme, faites-en votre ciel, votre demeure aimée et le lieu de votre repos. 
Que je ne vous y laisse jamais seul, mais que je sois là tout entière, tout éveillée en ma foi, tout adorante, toute livrée à votre action créatrice.

O mon Christ aimé, crucifié par amour, 
je voudrais être une épouse pour votre cœur,
je voudrais vous couvrir de gloire, je voudrais vous aimer. . .jusqu'à en mourir !
Mais je sens mon impuissance 
et je vous demande de me «revêtir de vous-même», 
d'identifier mon âme à tous les mouvements de votre âme, 
de me submerger, de m'envahir, de vous substituer à moi, 
afin que ma vie ne soit qu'un rayonnement de votre vie.
Venez en moi comme adorateur, comme réparateur et comme sauveur. 
ô Verbe éternel, Parole de mon Dieu, je veux passer ma vie à vous écouter,
je veux me faire tout enseignable afin d'apprendre tout de vous. 
Puis, à travers toutes les nuits, tous les vides, toutes les impuissances,
je veux vous fixer toujours et demeurer sous votre grande lumière;
ô mon astre aimé, fascinez-moi pour que je ne puisse plus sortir de votre rayonnement.

Ö feu consumant, Esprit d'amour, 
survenez, en moi, afin qu'il se fasse en mon âme comme une incarnation du Verbe :
que je lui sois une humanité de surcroît en laquelle il renouvelle tout son mystère.
Et vous, ô Père, penchez-vous vers votre pauvre petite créature, 
«couvrez-la de votre ombre », ne voyez en elle que le « Bien-aimé en lequel vous avez mis toutes vos complaisances ».

Ö mes trois, mon Tout, ma Béatitude, 
Solitude infinie, immensité où je me perds,
je me livre à vous comme une proie. 
Ensevelissez-vous en moi pour que je m'ensevelisse en vous, 
en attendant d'aller contempler en votre lumière l'abîme de vos grandeurs.


 

Thérèse de l’Enfant Jésus : les répons de Ste Agnès

Le Christ est mon Amour, Il est toute ma vie,
Il est le Fiancé qui seul ravit mes yeux.
Aussi j’entends déjà de sa douce harmonie
     les sons mélodieux.

Il a paré ma main de perles sans pareilles,
Il a paré mon cou de colliers d’un grand prix.
Les riches diamants qu’on voit à mes oreilles
     sont un présent du Christ.

Il m’a toute parée de pierres précieuses,
déjà brille à mon doigt son anneau nuptial.
Il a daigné couvrir de perles lumineuses
     mon manteau virginal.

Je suis la fiancée de Celui que les Anges
serviront en tremblant toute l’éternité.
La lune et le soleil racontent ses louanges,
     admirent sa beauté.

Son empire est le Ciel, sa nature est divine;
la Vierge Immaculée pour Mère Il se choisit,
son Père est le vrai Dieu qui n’a pas d’origine,
     Il est un pur Esprit...

Lorsque j’aime le Christ et lorsque je le touche,
mon coeur devient plus pur, je suis plus chaste encor.
De la virginité le baiser de sa bouche
     m’a donné le trésor.

Il a déjà posé son signe sur ma face,
afin que nul amant n’ose approcher de moi.
Je me sens soutenue par la divine grâce
     de mon Aimable Roi.

De son sang précieux mes joues sont colorées,
je crois goûter déjà les délices du Ciel,
car je puis recueillir sur ses lèvres sacrées
     et le lait et le miel.

Aussi je ne crains rien, ni le fer ni la flamme,
non, rien ne peut troubler mon ineffable paix.
Et le feu de l’amour qui consume mon âme
     ne s’éteindra jamais !…

 


 

Lundi 26 février 2018

2ème carême

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux.
Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ;
ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés.
Pardonnez, et vous serez pardonnés.
Donnez, et l’on vous donnera :
c’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante,
qui sera versée dans le pan de votre vêtement ;
car la mesure dont vous vous servez pour les autres
servira de mesure aussi pour vous. »


 

 

Jésus donne à ses disciples toute une série de conseil ou d’ordre – ce sont en français des impératifs – que l’on peut classer en 2 groupes :

 

Le plus important quantitativement est bien résumé par la dernière phrase de la péricope

car la mesure dont vous vous servez pour les autres
servira de mesure aussi pour vous

 

Il s’agit de faire le bien afin d’être bien traité soi-même par les autres et par Dieu.

Ce qui fait de nous finalement les acteurs et les juges de notre propre salut ou condamnation.

 

Il ne s’agit vraiment de faire le bien pour le bien ou par amour mais de le faire de manière un peu intéressée.

Ce donnant-donnant du bien agir trouvant son paroxysme peut-être dans la prière du Notre-Père :

Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons…

 

mais ce donnant-donnant est-il vraiment chrétien ?

1Co 13 [3] Quand je distribuerais tous mes biens aux affamés, quand je livrerais mon corps aux flammes, s'il me manque l'amour, je n'y gagne rien.

[4] L'amour prend patience, l'amour rend service, il ne jalouse pas, il ne plastronne pas, il ne s'enfle pas d'orgueil,

[5] il ne fait rien de laid, il ne cherche pas son intérêt,

 

Paul serait-il donc plus chrétien que Jésus ?

 

J’ai dit qu’il y avait 2 groupes de demandes dans l’évangile d’aujourd’hui.

Le premier chronologiquement et en importance est aussi le plus court, le plus synthétique :

Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux.

 

Soyez généreux TOB  compatissants BJ 

Peu importe l’adjectif car ce qui est important c’est ce qui suit caqwz  « comme »

 

Si dans l’ordre de l’agir nous pouvons être notre propre norme, pour ce qui est de la raison profonde, de la motivation première de cet agir, c’est Dieu la norme absolue.

Il s’agit finalement d’aimer comme il nous aime ! et donc d’aimer d’un amour gratuit, sans condition, sans donnant-donnant.

 

non pas aimer être aimé, ni aimer aimer mais aimer

aimer être aimé = enfant        aimer aimer = adolescent      aimer = adulte

 

 

Dieu est la norme absolue.

Avant toutes demandes, le Notre-Père commence par « que ta volonté soit faite ».

Or quand on aime on ne peut que vouloir ce que Dieu veut.

D’où la célèbre phrase d’Augustin : Aime et fais ce que tu veux.